Rencontre avec Marylin, seule Française SG. Un autre style de vie et un look plutôt décalé.

Tracks.

Arte, 23 h 40.

La Gay Pride plante son drapeau arc-en-ciel à la Bastille et Marie-Line (Marylin sur son site) son obscure blondeur devant un verre de rosé. À vingt-six ans, elle est la " frenchie " des Suicide Girls. Pas un groupe de rock (encore que...) mais un véritable phénomène de société de l’autre côté de l’Atlantique : " Une suicide girl, c’est une fille qui se fiche des lendemains. Qui y va à l’instinct pour se faire plaisir, explique-t-elle. À la base, il y a Missy, photographe bossant à Portland, qui, après s’être fait virée, a décidé de monter avec des copines un site de photos de charme s’inspirant de l’esthétique des pin-up des fifties. L’idée, c’était de monter sur le Net l’équivalent de ces groupes qui se forment sur les campus américains. Là, ce sont des personnes qui partagent un style de vie, un look un peu décalé, une sensibilité et des personnalités bien tranchées. Grâce à ce site, des petites minettes au fin fond de l’Ohio peuvent s’assumer et ne plus se sentir isolées ".

Petit à petit, le site s’est étoffé et des artistes, comme Courtney Love, par exemple, se sont révélés être de vrais accros. Aujourd’hui, il y a plus de 300 " suicide girls " dans le monde. Chacune a sa page Web, avec photos, Webcam, journal. Et chaque semaine, il y a environ 500 000 aficionados et plus de 20 millions de pages visitées.

Marie-Line, elle, est la première Française : " Ce n’est pas moi qui a postulé mais Missy qui m’a démarchée. J’habitais à Los Angeles et je l’ai rencontrée lors d’une interview, se rappelle cette journaliste ayant frayé très tôt dans le milieu rock et hardcore. C’est elle qui, en te remettant la petite culotte "suicide girl", adoube toutes les SG qui postulent. Elle ne cherche pas des mannequins : ce qui compte, c’est le charisme et les centres d’intérêt. Les SG que je connais frayent dans le milieu rock. En tout cas, c’est tout sauf un site de cul ou de rencontres. D’ailleurs, il y a suffisamment de sites gratuits pour qu’on n’ait pas à supporter les pervers. Surtout, on est à l’opposé de l’esthétique artificielle à la Playboy. Là, on a affaire à des filles des plus naturelles, qui, au prétexte de quelques photos de charme, parlent de leur vie, de leur vision... "

Féministes, alors, les Suicide Girls comme en témoignent certaines pages ? Pour Missy, il n’y a aucun doute. " C’est drôle parce que mes initiales, c’est MLF, réplique Marie-Line. Féministe si cela signifie qu’on a des personnalités bien tranchées et qu’on est bien décidée à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Par exemple, dans le milieu que je connais le mieux - le rock - il y a peu de place pour les femmes et vous avez intérêt à tout faire pour vous faire respecter. Par ailleurs, les SG sont des filles très ouvertes sexuellement. La plupart sont hétéro, pas mal sont bi comme Missy. Il y a aussi des queers (lesbiennes). Pour moi, ce n’est pas un engagement politique mais une façon de vivre. D’autant plus intéressante dans un pays encore assez puritain où les relations entre hommes et femmes sont très codifiées. "

Néanmoins, rentrée à Paris depuis décembre, Marie-Line se sent " un peu isolée. Quand j’étais à LA, je traînais toujours avec des copines des SG ou des personnes rencontrées sur le site. Et, là-bas, être une suicide girl, ça veut vraiment dire quelque chose. Des écrivains, des chanteurs, des artistes sont fans. Une tournée des SG a lieu en ce moment et j’ai pu, avec d’autres filles, tourner dans le clip d’un ex des Foo Fighters. Pourtant, je ne suis pas particulièrement exhibitionniste. En tout cas, je n’ai pas fait cela pour ma carrière. J’ai beau avoir fait l’Actor’s studio, je ne suis jamais allée à un casting. Mais, comme toutes les SG, j’ai mon petit ego. Ce site m’aura permis de rencontrer des gens formidables. Quand on voit la page d’une SG, on n’a pas forcément envie d’en voir plus mais d’en savoir plus. Qui elle est, ce qu’elle a dans la tête ". D’ordinaire, les autres sites ne visent pas aussi haut...

Sébastien Homer

SG

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